Trump président, cauchemard ou illustration d’un monde absurde ?

Le monde s’est réveillé hier matin avec une sacrée gueule de bois : le nouveau président des États-Unis, peut-être encore le pays le plus influent de la planète, a fait campagne 18 mois durant en tenant des propos haineux, racistes, misogynes, homophobes, protectionnistes, incohérents, odieux ou grotesques. Donald Trump, un milliardaire novice en politique, était pourtant donné perdant. Les grands médias, les élites de Washington et de Wall Street soutenaient ouvertement Hillary Clinton. Doit-on, dès lors, voir dans cette élection – et dans d’autres événements récents comme le Brexit – le retour des nationalismes, d’un repli identitaire et un rappel des pires moments de notre histoire ? Devons-nous y voir le vote d’une Amérique massivement stupide ?

M. Trump aurait pourtant réalisé de bons scores dans les communautés noires et latinos. Ne devrions-nous dès lors pas y voir, plutôt, le rejet de la politique de Clinton et du parti démocrate qui n’a pu, malgré les belles promesses et discours d’Obama, n’ont pu marquer la rupture attendue avec un Bush belliqueux ? Du reste, on assiste en Europe également ces dernières années à une montée des partis d’extrême droite (Autriche, France, Belgique, etc) ou populistes (Italie). La victoire de M. Trump ne serait-elle pas avant tout la défaite du néo-libéralisme de « gauche » incarné par Mme Clinton, M. Hollande ou M. Di Rupo ?

Peut-on critiquer l’électeur américain coincé entre deux non-choix ? Plus qu’ailleurs, la campagne électorale américaine est un spectacle mettant en avant ceux qui ont le plus à dépenser. Plus qu’ailleurs, les médias cachent l’existence des autres formations politiques. Et plus qu’ailleurs, l’establishment choisit les candidats qu’il va proposer au peuple.

Pour autant, ceux qui ont pris au sérieux le discours populiste et anti « establishment » de Donald Trump risquent fort de déchanter. Avec notamment un ancien dirigeant de Goldman Sachs au Trésor et le patron d’une firme pétrolière au Secrétariat à l’Énergie, M. Trump ne semble pas tant vouloir remettre en cause le monde de la finance et le système établi.

Pour approfondir le sujet :

http://multinationales.org/Dans-la-future-administration-Trump-un-ancien-de-Goldman-Sachs-au-Tresor-un http://multinationales.org/Dans-la-future-administration-Trump-un-ancien-de-Goldman-Sachs-au-Tresor-un

http://edition.cnn.com/election/results/exit-polls/national/president http://edition.cnn.com/election/results/exit-polls/national/president

Nous relayons ici la réaction de nos collègues de Friends of the Earth U.S.A. :

WASHINGTON, USA – Donald Trump est le nouveau président élu des États-Unis. L’environnement ne semble pas être au sens de ses préoccupations. Aussi, FoE US s’engage à le combattre autant que possible pour protéger l’environnement. Trump a profité d’un profond dégoût vis-à-vis de l’ordre établi et des politiques traditionnelles. Il a utilisé la peur, le soupçon, le racisme et la haine pour manipuler un peuple qui s’est senti abandonné par le gouvernement.

Les précédentes législatures ont effectivement abandonné la lutte pour la justice sociale et l’environnement. Mais nous rejettons la politique de la peur utilisée par Trump. Nous devons au contraire faire diminuer les inégalités qui divisent ce pays.

Il y a des choses qui n’ont pas changé : nous sommes une nation divisée et la moitié de ce pays est toujours déterminée pour continuer les combats progressistes qu’elle a commencé. Les mouvements de protestation indiens, afro-américains et écologistes (« Standing Rock », « Black Lives » et « Keep it in the Ground ») ne vont pas se laisser abattre. Nous allons continuer à nous battre pour notre Terre, l’air, l’eau et les populations qui en dépendent pour survivre.

Les quatre prochaines années ne seront pas faciles, mais nous avons déjà combattu des administrations hostiles. Sous la présidence de George W. Bush, la communauté environnementale a mené bataille devant les tribunaux et le Congrès. Nous avons pu bloquer des attaques contre l’environnement. Nous avons pu mobiliser et appeler à l’action. Depuis les récents combats contre le gazoduc Keystone XL, la fracturation hydraulique et les centrales au charbon, le mouvement environnemental est plus fort que jamais.

Nous devrons exploiter notre nouvelle énergie, nous unir et utiliser toutes les stratégies possibles pour lutter contre la haine, la cupidité et la destruction de l’environnement. J’aurais souhaité un combat différent de celui qui se présente à nous, mais l’avenir de notre pays et de la planète en dépend.

Erich Pica, Présidente, Friends of the Earth U.S.A.

Traduction libre de l’américain, article original : http://www.foe.org/news/news-releases/2016-11-the-environmental-resistance-will-stand-against-trump http://www.foe.org/news/news-releases/2016-11-the-environmental-resistance-will-stand-against-trump