Glyphosate : le principe de précaution jeté aux orties

La Commission a annoncé ce 28 juin qu’elle prolongeait pour 18 mois l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Si la déception est de mise face à cette décision, qui fait fi des divergences de points de vue des scientifiques mais également de l’absence de soutien d’une majorité qualifiée des Etats-membres, elle n’est guère surprenante. La Commission Juncker n’a en effet jamais fait preuve d’un intérêt débordant pour les enjeux de santé-environnementale ou de protection de l’environnement.

La Commission a donc décidé de gagner du temps, jusqu’à la fin de l’évaluation faite par l’agence européenne des produits chimiques (ECHA). Notons que cette dernière a lancé au début du mois de juin et jusqu’au 18 juillet une enquête publique, qui permet aux citoyens, chercheurs, etc. de signaler à l’agence les études établissant un lien entre le glyphosate et des effets délétères pour la santé ou l’environnement.

Mais la Commission ne s’arrête pas là : elle veille déjà à réduire les risques d’exclusion du glyphosate sur base de ses effets de perturbateur endocrinien. La proposition qu’elle a publié mi juin demande en effet que des effets avérés sur l’homme soient démontrés pour obtenir la classification d’une substance comme perturbateur endocrinien. Intenable d’un point de vue scientifique, irresponsable d’un point de vue politique !

Plus largement, la Commission illustre par cette décision son manque d’intérêt pour les enjeux de protection de la santé et de l’environnement – en décalage total avec les préoccupations citoyennes. Les initiatives prises au niveau Régional seront donc fondamentales pour palier à ce désengagement de la Commission, par les mesures visant l’utilisation des particuliers, mais aussi par un soutien fort à la réduction d’utilisation dans le secteur agricole. Mais la prise de mesures au niveau fédéral sera indispensable pour compléter cette action : l’interdiction de mise sur le marché de produits à base de glyphosate pour les particuliers est indispensable, tout comme l’interdiction de mise sur le marché de produits qui permettent le maintien de pratiques agricoles non durables.