Le projet Grundtvig « Comprendre l’agroécologie » a été déposé par l’EPI en 2013 auprès de la DG Education et Culture, dans le cadre d’un appel à projets Grundtvig. Partenaires de ce projet: 10 associations paysannes membres de la Via Campesina Européenne (FR, BE, RO, DE, ES, IT, CH, NO, NL, AT). Objectif du projet : permettre l’échange d’expériences et de pratiques entre les partenaires et contribuer au développement d’une offre de formation de qualité axée sur l’agroécologie. Le projet vient de se terminer… En voici les grandes lignes et les résultats !
Il était donc question dans ce projet de former, à travers 4 mobilités de 3 jours chacune en France, Norvège, Espagne et Belgique, les paysans aux différentes dimensions de l’agroécologie (techniques agronomiques, politique, socio-économique, sociale, culturelle, environnementale). L’objectif, à court terme, était aussi que les participants disséminent les connaissances et compétences acquises dans leurs pays respectifs et lors des échanges et, à plus long terme, qu’ils créent un réseau européen (dont la création d’un réseau européen de Fermes-Ecoles) travaillant et échangeant à distance sur l’agroécologie et la transmission de ses différentes dimensions. Les quatre rencontres: 1. Les semences paysannes, à Gaillac (Fr), en octobre 2013. La rencontre était axée sur la possibilité pour les agriculteurs de produire, sélectionner, conserver et échanger les semences, dimension essentielle pour l’agroécologie car cela permet de préserver la biodiversité, d’éviter les épidémies liées aux monocultures et les risques associés aux OGM, de limiter les coûts, etc. 2. Les pratiques agroécologiques, à Evenstad (Nw), en mars 2014. Elles seront notamment étudiées sur le terrain sous l’angle de la collaboration avec les autres parties prenantes; la complémentarité des pratiques et activités agroécologiques sera également abordée. 3. La collaboration entre producteurs et consommateurs, à Santiago de Compostelle (Es, Galice), en septembre 2014. Paysans et consommateurs ont développé au cours des 20 dernières années des systèmes participatifs de garantie, qui constituent une alternative à la certification classique souvent inaccessible pour les petits paysans. Le recours aux circuits courts (vente à la ferme, marchés paysans, AMAP, etc.) est un autre pilier de l’agroécologie. 4. La transmission des pratiques agroécologiques, à Journal (B), en mars 2015. L’un des objets du partenariat est, en effet, de chercher à améliorer les modalités de cette transmission, en s’inspirant de l’expérience des participants (transmission intergénérationnelle, «paysans-formateurs», autoformation dans le cadre de groupes de travail et de réseaux, etc.). La quatrième rencontre, organisée par l’EPI, en collaboration avec la FUGEA, s’est déroulée du 4 au 7 mars 2015 en Belgique, à Journal (Champlon) et portait sur la Transmission. Le terme « Transmission » est utilisé à dessein car il permet de regrouper à la fois la sensibilisation, la formation (théorique et pratique) et le transfert des savoir, savoir-faire et savoir-être de paysan à paysan, en matière d’agroécologie. Objectifs de la rencontre : • Réaliser des visites de fermes-écoles et fermes pratiquant l’agroécologie et la transmission, rencontrer des acteurs et formateurs de la formation professionnelle paysanne en Wallonie, • Récolter et échanger les expériences des participants en terme de transmission, • établir un tableau comparatif (par pays/partenaire du projet) des définitions, des modes et méthodologies de transmission, des outils utilisés, des publics visés par la transmission, des profils des formateurs, des freins : en terme d’organisation/pour les formateurs/pour les apprenants • évaluer les mutualisations possibles en terme d’échanges de bonnes pratiques dans le cadre de la transmission en agroécologie. La rencontre Le quatrième séminaire a été rythmé par : 1. des présentations en plénière : o en terme d’accueil et d’introduction au séminaire : les shémas de la transmission en Wallonie: formation qualifiante et formation continue, transmission informelle (centres de formation professionnelle agricole, spécialisation « bio » en agroécologie niveau baccalauréat, certificat interuniversitaire en agroécologie), shéma de l’accompagnement au montage des projets par les centres de formation et par une couveuse d’entreprise, apport de collectifs citoyens et de partenaires en amont et en aval de la transmission (accès à la terre, commercialisation, communication, soutien aux paysans,…) o présentation de la transmission telle que définie et développée par chaque partenaire participant au projet Grundtvig dans son pays o présentation de la Déclaration de la Via Campesina Internationale sur la définition et les principes généraux de l’agroécologie (Mali, mars 2015) 2. des ateliers ludiques en petits groupes : o Atelier « bingo des partenaires » et travail à partir des lettres TRANSMISSION (trois définitions de la transmission à trouver, selon chaque pays, au départ des lettres distribuées) o Atelier sur les définitions, les modes et méthodologies de transmission, des outils utilisés, des publics visés par la transmission, des profils des formateurs, des freins : en terme d’organisation/pour les formateurs/pour les apprenants o Atelier brainstorming des pistes de travail et des mutualisations possibles entre les partenaires du projet o Atelier brainstorming pour poser les bases d’un canevas de référentiel de formation commun aux partenaires en matière de transmission de l’agroécologie 3. des mises en commun du travail des groupes avec débat et travail de synthèse 4. des repas à base de produits locaux paysans, présentés par les producteurs avec débat et questions/réponses et une soirée festive avec le groupe Musiques d’Actions Paysannes 5. des visites-rencontres sur le terrain et débriefings : o visites/rencontres de quatre fermes-écoles de l’Ecole Paysanne Indépendante o visites/rencontres « 3 jeunes paysannes, 3 parcours de formation, 3 installations sur des fermes paysannes » o visite culturelle de la ville de La Roche 6. une évaluation de la rencontre au niveau du contenu, de l’organisation, de l’accueil. Les conclusions ? La formation pratique de paysan à paysan est, de toute évidence, l’un des compléments indispensables à la formation académique que l’on trouve dans les écoles d’agriculture, mais surtout dans les centres de formation professionnelle. Le séminaire a donc tout d’abord renforcé ce constat que la transmission des savoir, savoir-faire et savoir-être de paysans à paysans est l’un des enjeux du développement de l’agroécologie, dans toutes ses dimensions, agronomique, politique, socio-économique, sociale et culturelle. Plus que jamais, l’être humain est au centre de la souveraineté alimentaire et le paysan plus que tout autre. Cette rencontre a également permis de rappeler la définition et les principes généraux de l’agroécologie, ainsi que les objectifs fixés dans la Déclaration de la Via Campesina Internationale (mars 2015, Mali). Cette déclaration met, notamment, en exergue l’importance primordiale de la transmission et de la mise en place d’un réseau international de fermes-écoles paysannes axées sur l’agroécologie. Cet axe de travail a été très présent tout au long du séminaire de Journal. Outre la richesse des rencontres, des échanges et des visites, que chaque partenaire rapportera dans son organisation et disséminera, le séminaire a permis d’identifier des outils et des pistes de développement de la transmission, ainsi que différentes stratégies d’action : – la mise en ligne d’un fichier des formateurs et paysans pratiquant la transmission de l’agroécologie, accessible à tous les organismes partenaires du projet – la possibilité d’accueil au sein des organismes partenaires de formateurs et d’apprenants qui souhaitent approfondir leurs connaissances (formation continuée) – la création à moyen terme d’un répertoire des savoir-faire sur base de la synthèse des différentes rencontres liées à ce pojet Grundtvig – les bases et grands axes d’un référentiel de formation/transmission commun aux partenaires. La réalisation d’un référentiel de formation/transmission commun aux partenaires ne s’est finalement pas avérée réalisable à l’issue de ce séminaire. En effet, la diversité des méthodes de formation et d’apprentissage, des moyens humains/logistiques/financiers propres à chacun des partenaires, des diversités culturelless, des difficultés de communication liées aux langues sont des freins conséquents. Cependant un socle commun, base d’un référentiel de formation a pu être envisagé ; il contient toute une série d’éléments communs (à partager entre les partenaires du projet) : • des principes : o la transmission est basée sur les savoir, savoir-faire et savoir-être des paysans o elle regroupe à la fois la sensibilisation, la formation (théorique et pratique) et le parrainage (tutorat, formation en alternance cours théoriques et apprentissage sur une ferme) o avec des dimensions à la fois agronomique, socio-économique, sociale et politique o la transmission va du local au global (liens avec d’autres régions du monde) o la transmission est un outil qui a des conséquences politiques (formation idéologique) o l’autonomie intellectuelle et le développement personnel sont priorisés o réalisée de paysan en activité à paysan en activité (ou en cours d’installation), mais ponctuellement aussi vers les consommateurs (éducation citoyenne) o le paysan-formateur applique les principes de l’agroécologie sur sa ferme o la parité homme/femme est, d’office, d’application o des experts en agroécologie participent à la transmission ponctuellement • des méthodes : o participatives et collectives o la pratique fait partie intégrante de la transmission o de paysan à paysan, directement sur une ferme • des outils : o une plate-forme internet collective pour y déposer des documents (cours, études scientifiques,…) o un forum pour y échanger des expériences et des bonnes pratiques o une base de données regroupant les paysans-formateurs (et des fermes) de chaque pays participant et d’experts en agroécologie auxquels faire appel à distance ou à inviter o la définition du mot agroécologie sur Wikipédia • des thématiques : o au volet « pratiques agronomique » : tous les cours pratiques visant l’initiation ou le perfectionnement des pratiques agronomiques de l’agroécologie : semences, compost, autonomie fourragère, éco-construction, alimentation du bétail, transformation des produits,… o au volet « politique » : les textes issus des conférences et déclarations de ECVC et LVC, l’histoire du mouvement paysan, accès à la terre, refus des OGM, droits paysans,… o au volet « sensibilisation » (des nouveaux paysans comme des paysans déjà installés, mais aussi des consommateurs, des élus) o au volet « culturel » : collaboration avec des artistes pour animer/dynamiser des formations, des rencontres – transfert des fondements de la culture paysanne – témoignages – actions intergénérationnelles o au volet « socio-économique » : la gestion d’une ferme, la comptabilité, la rentabilité, la commercialisation des produits, le marketing,… Enfin, ce séminaire de clôture du projet Grundtvig « Comprendre l’agroécologie » a permis aux participants d’envisager la transmission de manière plus large, avec une dimension européenne, solidaire et propice à développer ensemble et dans un avenir proche de nouveaux projets plus spécifiques aux différentes valeurs de l’agroécologie. Le projet est maintenant terminé… Il a permis de belles rencontres et des échanges fructueux sur l’agroécologie au sein de la Via Campesina Europe (et plus largement,en lien avec la Via Campesina Internationale). Différents documents ont été réalisés grâce à ces rencontres. Vous les trouvez en pièces jointes. En introduction, suivez donc ce lien: https://vimeo.com/140150165 Bonnes lectures !